Carole KOCH, accompagnée de Mélissa SCANDOLERA, nous présentera le 29 novembre prochain une intervention portant sur : Le
« Projet de valorisation des archives de
l’ancienne Poudrerie de Saint-Chamas » : les archives
au cœur d’un projet de valorisation patrimoniale.
Biographie
Carole
KOCH est urbaniste, diplômée de l’Université d’Aix-Marseille
(CEDERS, Faculté d’économie, 2000) et de l’Université de Parix
XII (Institut d’Urbanisme de Paris, 2005). Depuis plus de dix ans,
elle intervient en tant qu’expert du développement économique et
touristique des territoires aux côtés des acteurs publics.
Chercheur
associé de 2009 à 2012 au sein du laboratoire insARTis
(interdisciplinarité en situation de projet) de l’école nationale
supérieure d’architecture de Marseille et chercheur indépendant
depuis, ses travaux portent sur la réhabilitation et la reconversion
du patrimoine industriel comme outil de développement économique et
touristique territorial.
Elle
a contribué à plusieurs projets de recherche nationaux et européens
(Programme européen CAPACities : étude pour le positionnement
de zones d’activités commerciales et industrielles en déclin dans
le secteur des Alpes) et a lancé en 2011 le Projet de valorisation
des archives de l’ancienne Poudrerie Royale de Saint-Chamas –
Miramas (Projet Poudrerie) un projet de recherche-action en faveur de
la préservation et de la mise en valeur du patrimoine historique et
industriel du site auquel elle se consacre à temps plein depuis
début 2013.
Présentation de l'intervention
La Poudrerie de Saint-Chamas,
située sur la rive Nord de l’étang de Berre (Bouches-du-Rhône)
est créée en 1690 par Louis XIV. Ce gigantesque complexe industriel
de près de 135 hectares, consacré à la fabrication de poudre noire
puis d’explosifs, ferme en 1974. Démantelé puis laissé à
l’abandon, il est racheté par le Conservatoire du Littoral en
2001. Depuis lors, il fait l’objet d’un positionnement
principalement centré sur sa dimension « naturelle »,
malgré une demande importante des publics (habitants, enseignants,
communauté scientifique) avides d’accéder aux richesses
patrimoniales et mémorielles de ce site unique en Europe.
En 2011, un groupe de
chercheurs et de professionnels du domaine de l’aménagement,
rassemblés au sein d’une association, décide de développer un
projet visant à promouvoir le patrimoine historique et industriel du
site en s’appuyant principalement sur ses archives.
Pour atteindre cet objectif,
l’association travaille à la réalisation d’une plate-forme de
ressources en ligne, comprenant des archives numérisées mais aussi
des productions spécifiques de l’équipe du projet et ses
partenaires, de la maquette en 3D d’anciens bâtiments aux recueils
d’archives orales en passant par les panneaux et dispositifs
d’expositions.
Le recours aux compétences
complémentaires de collègues des domaines de l’archivistique et
de l’histoire s’est rapidement révélé indispensable. Cette
collaboration interdisciplinaire, qui s’exprime au sein d’un
réseau de partenaires institutionnels, culturels, associatifs,
universitaires et économiques, a permis d’importantes avancées
depuis le démarrage du projet, notamment grâce à la signature de
conventions avec les Archives Départementales des Bouches-du-Rhône
et le Centre des Archives de l’Armement et du personnel civil du
Ministère de la Défense à Châtellerault.
Notre communication présentera
tout d’abord la naissance du projet, en s’appuyant sur le site et
son contexte, pour ensuite évoquer le travail important réalisé
sur le corpus archivistique concerné et enfin, exposer les atouts
d’une approche interdisciplinaire dans le cadre d’un prjet de
valorisation patrimoniale s’appuyant sur des archives.
L’équipe est partie d’un
double constat : d’une part, le peu de moyens consacrés
jusqu’alors à la valorisation du patrimoine historique et
industriel du site et d’autre part, la forte demande pour un accès
à ce patrimoine dont peu de traces sont encore visibles, la plupart
des 250 bâtiments du site ayant été rasés et les archives étant
dispersées en plusieurs lieux de conservation (Archives Municipales
locales, Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, mais
surtout Centre des archives de l’armement et du personnel civil du
Ministère de la Défense, à Châtellerault).
Les architectes et urbanistes
à l’origine du projet se sont donc rapprochés de collègues de
disciplines complémentaires (archivistique, histoire, histoire des
sciences et techniques, ingénierie…) pour constituer un réseau
interdisciplinaire, rassemblé lors d’un séminaire organisé en
2012 à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Marseille
(dont les actes seront publiés dans un numéro spécial de Provence
Historique, la revue de la Fédération historique de Provence, à
l’automne 2013).
Depuis le démarrage du
projet, un certain nombre d’étapes ont été franchies vers la
réalisation de cet objectif ambitieux : repérage des fonds
dispersés dans toute la France, classement du fonds des Archives
Municipales de Saint-Chamas selon la norme ISAD/G et élaboration de
l’instrument de recherche correspondant, création d’un site
Internet informatif, numérisation d’une sélection de sources
documentaires, mise en ligne de documents numérisés, élaboration
d’un cahier des charges pour la conception de la plate-forme en
ligne et consultation de prestataires. Outre des publications
scientifiques, en France et à l’étranger, ainsi que la
réalisation de plusieurs expositions, conférences, et cycles
d’animations pédagogiques, l’équipe a également conçu une
première maquette en trois dimensions de vestiges d’anciennes
usines de production de poudre noire.
L’ensemble de ces
productions suscite d’ailleurs l’engouement des publics ciblés
(grand public, enseignants et communauté scientifique).
Les contraintes juridiques
liées à la communicabilité des archives et à leur diffusion, les
attentes différenciées de ces trois catégories d’utilisateurs et
la complexité technique liée à la mise en place d’un portail de
ressources en ligne constituent un défi que l’équipe du projet
s’efforce de relever : une première version du site Internet
devrait être proposée au premier trimestre 2014.
L’avancée du travail a pu
être grandement facilitée par la signature d’une convention de
partenariat entre l’association à l’origine du projet et le
Centre des archives de l’armement et du personnel civil du
Ministère de la Défense, à Châtellerault.
Une autre convention de
partenariat a été signée avec les Archives Départementales des
Bouches-du-Rhône pour le recueil et le traitement conjoint
d’archives orales ciblant d’anciens « Poudriers ».
Cette collaboration entre l’association et le centre d’archives,
qui se poursuit, permet d’élargir encore l’éventail des
sources proposées aux différents publics.
Outre les partenaires
institutionnels, culturels, associatifs et universitaires, le projet
bénéficie depuis 2013 du soutien d’entreprises privées, dans le
cadre de la réalisation d’une nouvelle exposition, portant sur la
mémoire ouvrière.
La mise en œuvre de cette
approche interdisciplinaire et « multi-acteurs », basée
sur une exploitation poussée des archives, permet de valoriser le
patrimoine historique et industriel d’un site quelque peu oublié
que le milieu associatif local seul n’était pas parvenu,
jusqu’alors, à promouvoir de manière durable vers un public
large.
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