A moins d'un mois et demi de notre nouvelle journée d'étude, nous vous proposons de découvrir chaque semaine un portrait des participant(e)s à cet événement, ainsi qu'une présentation de leur intervention.
Cette semaine : Gilles POIZAT, chargé d'études documentaires aux Archives nationales d'outre-mer à Aix-en-Provence, dont l'intervention portera sur "Les bagnes d'outre-mer : une mémoire libérée".
- né en 1962
- D.E.A. en droit public et science politique
- Chargé d'études documentaires au ministère de la Culture depuis 1992, constamment sur des postes d'archivistes (Archives départementales, Archives nationales à Paris, musée du Louvre et direction des musées de France).
- Aux Archives nationales d'outre-mer (ANOM) d'Aix-en-Provence depuis octobre 2012, chargé du secteur géographique de la Guyane et de l'administration pénitentiaire coloniale (bagnes de Guyane et de Nouvelle-Calédonie).
Présentation de son intervention
Monde
de l'ostracisme radical, de l'élimination sociale, du silence
définitif, le bagne colonial (en Guyane ou en Nouvelle-Calédonie),
à l'instar d'autres machines à broyer l'humain, est aussi un
« phénomène » bureaucratique. A ce titre, il a secrété
une importante production écrite.
Les archives de son
fonctionnement pendant tout juste un siècle (1852-1952), mais aussi
les dossiers individuels et registres matricules des condamnés, en
dépit d'inévitables pertes, sont pour une grande part conservées
et exploitables. Aux Archives nationales d'outre-mer (ANOM)
d'Aix-en-Provence, elles rassemblent aussi bien le fonds des services
centraux parisiens de l'administration pénitentiaire coloniale du
ministère des colonies, que les dossiers rapatriés des territoires
de Guyane et de Nouvelle-Calédonie. Ces sources administratives
sont heureusement complétées par une littérature abondante et
variée : témoignages de bagnards, surveillants ou journalistes, ou
encore campagnes de presse et débats parlementaires ayant agité la
société et les pouvoirs publics du Second Empire et, surtout, de la
IIIème république. Pour couronner le tout, les études savantes,
historiques mais aussi anthropologiques, juridiques, sociologiques,
n'ont pas manqué sur le sujet. Chacune de ces productions contribue,
dans toute leur diversité, à l'écriture de l'histoire et
l'édification des mémoires.
Si une tradition de
l'histoire du bagne, notamment dans le cadre des études des formes
institutionnelles de la répression et de l'exclusion est déjà bien
ancrée, c'est à un véritable engouement récent pour la collecte
mémorielle à laquelle on assiste ces dernières années, aussi bien
dans la sphère privée (familiale) que collective (particulièrement
dans les territoires concernés).
Là, comme
ailleurs, les objectifs, les caractères, les méthodes de la
recherche historique d'une part, de la collecte mémorielle d'autre
part, ne sauraient être identiques ou équivalents. Seraient-ils
pour autant antinomiques, voire conflictuels, comme avec tant
d'autres épisodes amers de notre passé ? S'agissant de l'effroyable
réalité du bagne, la « guerre » histoire-mémoire
aura-t-elle lieu ?
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